Suzy l’a rejoint. Lu lors de la cérémonie du 6 septembre 2001 par sa fille Annie


J’ai choisi de vous lire, ici, devant elle, des extraits des écrits de Suzy elle-même :

En 1992, fin du texte écrit par Suzy pour ses enfants : « Récit d’une vie »

Mes enfants, mes petits-enfants, ils sont le miel de ma vie, tous du plus âgé au plus jeune. Je leur veux une vie longue, un bonheur sans faille, une aisance sans épreuves, une chance insolente !

Je quitterai cette terre comme j’ai quitté la Tunisie, comme on sort de chez soi, sans souci ni crainte.

Je veux que mes filles restent soudées entre elles, avec leur frère surtout, que mes petites filles également fassent passer la cellule familiale avant tout le reste, que la moindre épreuve de l’un soit le souci d’eux tous

Alors, je serai heureuse dans l’autre monde.

En Juin – juillet 2001, extraits de textes écrits après la mort de Robert, son mari :

Je ne suis à présent la moitié de personne. Veuve. Je suis mutilée, déséquilibrée, entourée d’un vide vertigineux. C’est tellement violent que je tourne chez nous comme une toupie…

Je n’ai plus de but, c’est cassé. Je ne me rendais pas compte que nous étions soudés… Tu étais mon soutien (peut-être étais-je le tien) La maison n’est plus vivable, tu as emporté sa chaleur ; cette solitude m’effraie.

J’ai besoin d’écrire sans savoir quoi sinon quelque chose me déborde. Je n’avais pas appris à vivre seule.

Tu nous a glissé entre les doigts. Nous n’avons pas pu, pas su te retenir alors que tu voulais rester, je sais. La mort est décidée, puissante…

Je ressens très physiquement que nous sommes sur terre « en sursis » ! La maison triste, muette, elle a perdu un être cher. Elle est vide, grande anonyme, froide, déprimante.

Tu es parti et tu as emporté avec toi notre joie, nos projets, laissé notre chambre étrangère, orpheline, pesante

Depuis ton départ, tout me revient en désordre ; le jour, la nuit… Je n’ai plus peur de la mort. Tu es parti le premier, tu me retrouveras un jour, là-haut, pour m’accompagner dans cet « après vie ». Mais quel vide, ici, quelle absence, cruelle, impossible à combler.

On t’a enlevé à nous. Comment admettre ? On faisait partie d’un tout.